Gili Air du 04 au 11 Septembre

Nous profitons d’être encore en ville ce matin du 04 Aout pour faire quelques courses en prévision de notre séjour à Gili Air, car une fois rendus sur l’ile tout sera plus cher et il sera trop tard pour se rendre compte qu’il nous manque quelque chose d’essentiel pour notre confort. Nous faisons donc le plein de cigarettes, de gâteaux au chocolat, de quoi prendre l’apéro et une clé internet 3G car il y a 3 ans la connexion internet sur l’ile était désastreuse. Je dis il y a 3 ans car nous étions déjà venus à Gili Air en 2007. Nous y avions passé 10 jours formidables et c’est là que Mike avait découvert la plongée…

En fin de matinée nous quittons donc Mataram les bras chargés, direction Bangsal le petit port d’où partent les bateaux pour les iles Gili. Les Gili sont au nombre de 3: Gili Meno, la plus petite et la plus calme; Gili Trawangan, la plus grande et la plus animée (voire un peu trop); et Gili Air, intermédiaire en terme de taille, d’activité et de fréquentation. Le décor est plus ou moins le même que sur toutes les iles de rêve: cocotiers, sable blanc, mer cristalline et du soleil bien sur! Nous arrivons à Bangsal sans souci, les iles sont toutes proches et nous nous imaginons déjà en train de couler une petite brasse avant le coucher du soleil. Hélas nous attendons pendant trois heures que le bateau se remplisse pour partir et au fur et à mesure que le temps passe la perspective de baignade s’éloigne à grands pas. Vers 17H nous posons enfin les pieds sur l’ile. En trois ans Gili Air a quelque peu changé: il y a plus de restaurants, plus de bungalows, un nouveau centre de plongée avec piscine… et beaucoup, beaucoup plus de touristes que lors de notre première visite. Et oui, c’est la haute saison aussi! Du coup nous hallucinons aussi sur les prix des bungalows: là où nous étions restés pour 40 000 roupies par nuit il y a 3 ans, ils en demandent 350 000 aujourd’hui!!! Nous finissons par touver un petit homestay pour un prix raisonnable et déposons nos sacs avec joie. Pendant que je savoure le plaisir d’être arrivée et de prendre une douche bien fraiche, Mike file directement à « Blue Marlin Dive » pour rencontrer sa boss et prendre les informations nécessaires. La fin de soirée se passe tranquillement.

Le lendemain, à 8H Mike est au centre de plongée. Le Ramadan commence le 11 Septembre et durant cette période les dive-masters locaux ne plongent plus, cela serait trop éprouvant pour l’organisme de jeûner et de plonger en même temps. Il a donc 5 jours pour découvrir les différents sites de plongée avant de réellement commencer à guider des clients. Pendant ce temps, je pars en quête d’un autre logement. Nous voudrions louer une petite maison ou à défaut un hébergement avec coin « cuisine », histoire de pouvoir se faire du café quand on veut. J’y passe toute la journée, je sillonne l’ile de long en large mais je finis par trouver notre bonheur chez Henie, une locale qui nous loue une chambre dans sa maison où nous pourrons utiliser à loisir la cuisine. La chambre est bien, avec un bon matelas et un grand ventilateur, les autres pièces sont beaucoup plus sommaires et hautement fréquentées par les cafards et les araignées mais ça fera quand même notre affaire. Déménagement prévu pour le lendemain matin.

Le 06 Aout, après avoir pris possession de notre nouveau « chez nous », Mike part directement au centre de plongée tandis qu’en bonne maitresse de maison je m’occupe de remplir notre garde-manger au magasin du village: riz, pain de mie, confiture, oeufs, légumes, farine, sel, sucre, etc…Les locales venues faire leurs courses sont toutes surprises de trouver une touriste les bras chargés de denrées alimentaires. La gérante du magasin (à qui j’avais subtilement exposé notre situation pour qu’elle ne me sale pas trop la note) s’empresse de leurs expliquer que nous louons la maison de Henie, que mon mari travaille au » Blue Marlin » et tuti quanti … Mes notions d’Indonésien ne sont peut être pas parfaites mais assez bonnes pour avoir compris tout ça quand même. Du coup entre les personnes auprès desquelles j’ai prospecté hier et la séance du magasin, je pense que les trois quart de l’ile savent qui nous sommes et où nous trouver! L’après midi, direction la plage pour une séance bronzette histoire de retrouver la jolie couleur dorée que j’avais en Thaïlande et aux Andaman. Je fais aussi un petit tour au « magasin de livres d’occasion » du coin car je n’ai plus rien à lire: le choix d’un nouveau livre sera un vrai dilemme car les Français en vacances ont vraiment des lectures désolantes…

Les premiers jours à Gili Air se passent ainsi, nonchalamment, Mike allant plonger et moi naviguant entre la maison et la plage. Le soir nous dinons à la maison soit de plats que j’ai cuisinés soit de plats à emporter que nous prenons chez « Johanna », un petit warung à deux pas de la maison qui fait une très bonne cuisine à des prix défiants toute concurrence. Mais après quelques jours de ce rythme, le manque de vie sociale commence à se faire sentir, spécialement pour moi qui ne vois personne de la journée. Heureusement, tout cela va vite changer. Mike réussit à me négocier un tarif super intéressant pour que je puisse enfin plonger sans entendre notre porte-monnaie grincer des dents. Puis un soir nous allons voir le coucher du soleil et boire un coup avec l’équipe du centre de plongée: Andy, Steeve et Linzy, trois anglais, Liza, une hollandaise, et Jo, un canadien. La cohésion de groupe se crée enfin et une ambiance sympathique s’installe. Nous partirons tous ensemble un soir faire les fous et fêter l’anniversaire de Steeve à Gili Trawangan et puis quelque temps plus tard je passerai derrière les fourneaux pour préparer un bon repas à « la française » à tout ce petit monde qui n’en peux plus du riz et du poulet!

Notre rythme journalier est grosso modo le suivant: petit dèj en profitant de la fraicheur toute relative du petit matin, plongée(s), déjeuner, re-plongée ou bien lecture et séance bronzette au soleil (et que personne ne s’avise de me dire que je ne suis pas bronzée!!), douche, apéro-diner avec toute la clique, dodo. Éreintant! Je commence aussi quelques ateliers de réadaptation à la « vraie » vie: ménage, cuisine, lessive. Oui, ça faisait quand même 10 mois que je n’avais pas été concernée par tout cela. Je sais ça laisse rêveuse. Et le temps file comme ça, au son des chants du muezzin en cette période de Ramadan, à l’ombre des cocotiers, à essayer d’oublier que le décompte des jours est lancé. Nous y arrivons pas mal d’ailleurs mais nous nous prenons un vrai électrochoc le 1° Septembre. On ne peut plus se voiler la face, il ne nous reste plus que 2 semaines et cette année d’aventures sera finie. Du coup tous les instants des derniers jours s’en trouvent pimentés, un peu comme ceux du début du voyage, quand tout cela était tout nouveau. Mine de rien on s’est tellement bien habitué à ce sentiment de liberté qu’on en avait presque oublié la valeur et la saveur. Le départ d’Andy le 07 Septembre marque le début de la fin. Notre tour arrive quatre jours plus tard et là le coeur est vraiment gros car ne nous partons pas pour une nouvelle destination exotique: c’est l’heure du grand retour. Il nous reste bien quelques jours de transit entre Jakarta et Hong Kong avant de revenir pour de bon mais dans notre coeur ça ne compte pas vraiment. Nous sommes partis un 04 Octobre, nous serons de retour le 16 Septembre. Voilà déjà bientôt un an que nous sommes partis. Cette année sera passée comme dans un rêve.

Visa Run du 01 au 04/08

Durant notre séjour à Hoga, Mike s’était dégoté un 2° job de dive-master à Gili Air, une autre ile de rêve. Le problème c’est que notre titre de séjour, déjà renouvellé une fois, ne couvre pas l’intégralité de la période pendant laquelle nous devons rester à Gili. Il n’y a donc qu’une seule solution dans ce cas de figure: faire un « visa run », c’est à dire sortir du pays puis y rerentrer quelques heures plus tard avec un visa tout neuf! En ce matin du 01 Aout nous quittons donc Hoga l’humeur maussade car le programme des jours à venir est loin d’être excitant.

Il faut d’abord que nous repassions par Makassar, récupérer nos passeports que nous avions laissés à Rina pour l’extension de notre premier visa. Après quelques heures de bateau, d’attente à l’aéroport et d’avion, nous y arrivons en milieu d’après-midi. Direction le « New Legend » où nous sommes acueillis à bras ouverts par Rina à qui nous faisons un résumé du mois passé à Hoga car c’est par son intermédiaire que nous avions eu le contact de Geertje. Elle est ravie pour nous. Nous récupérons nos passeports et attendons que la soirée se passe tranquillement.

Le lendemain, retour à l’aéroport de Makassar pour partir vers Kuala Lumpur, où nous passerons la nuit avant de reprendre le chemin en sens inverse. Les formalités douanières se passent sans souci: un tampon de sortie du territoire indonésien à Makassar, puis un tampon d’entrée en Malaisie. Nous venons de réaliser la première moitié de notre « visa run ». A Kuala Lumpur, nous avions réservé une chambre dans une maison d’hôtes facile d’accès depuis l’aéroport. Pour la somme de 40 euros nous atterrissons dans une demeure majestueuse avec piscine, chambre grand luxe, etc, etc… Dommage que nous n’y restions que le temps de dormir quelques heures.

Le 03 Aout au matin, nous entamons la deuxième étape de notre « visa run » c’est à dire le chemin du retour vers l’Indonésie, avec un vol qui nous ramène à Bali. Tampon de sortie de Malaisie puis… tampon d’entrée en Indonésie. Voilà, c’est fait! Nous avons un nouveau titre de séjour tout neuf, valable 30 jours. Il est midi est nous commençons à caresser le doux espoir d’être à Gili Air ce soir. Pour cela il nous faut encore prendre un avion jusqu’à Lombok puis un petit bateau jusqu’à l’ile elle même. Hélas nous n’aurons pas de place dans l’avion pour Lombok avant le début de soirée. Nous sommes donc contraints de passer la nuit à Mataram près de l’aéroport de Lombok et ne partirons pour Gili Air que le lendemain.

Hoga – Parc maritime national de Wakatobi du 03/07 au 31/07

Le parc maritime national de Wakatobi se situe au sud-est des Sulawesi et se compose de 4 iles principales et d’un chapelet d’iles secondaires dont Hoga. Il se situe au cœur d’une zone appelée « Le triangle de Wallace » qui est le centre mondial de la biodiversité concernant la formation de récifs coralliens. L’activité touristique y est toujours réduite car, une fois de plus, pour y aller il faut prendre son mal en patience. Ça commence avec un vol entre Makassar et la petite ville de Bau Bau à la frontière nord du parc, puis une nuit en « ferry » (bateau en bois) pour rallier Wanci, suivi de 2 heures supplémentaires de bateau pour rejoindre Kalédupa, l’ile voisine de Hoga. De là nous nous sommes débrouillés pour arriver à destination, au resort « Pak Kasim » à Hoga.

Je reviens brièvement en arrière pour réexpliquer les conditions de notre venue à Hoga. Durant notre séjour à Makassar, Mike avait trouvé un « job » en tant que guide de plongée auprès de Geertje, la gérante du resort « Pak Kasim ». Le deal étant que Mike guide les touristes-plongeurs du resort, que j’aide à quelques menus travaux du coté des bungalows et qu’en échange nous soyons logés et nourris. Tout le monde y trouvait son compte et une dizaine de jours plus tard nous posons les pieds sur la plage de sable blanc bordant les bungalows.

Notre arrivée en ces lieux est un peu bizarre car Geertje, partie pour quelques jours à Makassar, n’est pas là pour nous recevoir et nous expliquer le fonctionnement du centre de plongée. Heureusement il y a Wia,  »l’intendante générale » du resort, qui nous fournit quand même quelques informations nous permettant d’improviser au mieux en fonction de la situation. Quand je parle de resort, le terme est un peu démesuré. « Pak Kasim » est en fait un petit complexe de 5 bungalows en bois construits face à la mer mais astucieusement cachés dans la végétation, ce qui ne dénature pas l’aspect de la plage. Lorsque nous y arrivons nous sommes les seuls clients, ce qui nous enchante, car nous avons tout loisir de découvrir les lieux et ceux qui deviendront nos compagnons de tous les jours pendant un mois: Wia bien sur , Pondang notre boat-boy favori mais aussi Jili et Nane, deux gamins du coin d’environ 12 ans qui viennent aider aux bungalows. Nous passons donc les 2 premiers jours seuls, alternant plongées, farniente et bonnes bouffes car Wia est une cuisinière hors paire: elle nous fait du pain brioché pour le petit-déjeuner et nous cuisine de mille façons différentes des poissons tout juste pêchés pour les autres repas. La vie est belle, quoi!

Après quelques jours, les clients puis Geertje finissent par arriver. Nous faisons donc connaissance avec notre « Boss », qui trouve que Mike s’est très bien débrouillé jusqu’ici. L’ambiance de l’ile a déteind sur elle: elle est plus que cool et ne semble pas vouloir s’user les méninges à gérer son centre de plongée alors que Mike le fait si bien. De mon coté je suis implicitement en charge de parfaire la scolarité de Jili a qui je fais travailler ses divisions et multiplications et d’apprendre à écrire à Nane qui ne va pas à l’école. Enfin autant que cela est possible en un mois! Geertje gère (aussi) une ONG pour venir en aide aux locaux et l’éducation des enfants du village lui tient très à coeur. Je prends donc cette mission très au sérieux. J’aide aussi Wia en mettant la table et en débarrassant les reliefs des repas, en m’assurant que les voyageurs payent bien la taxe d’entrée au parc de Wakatobi etc, etc… Mais en ce qui concerne la cuisine en elle même, à chaque fois que je lui propose mon aide elle me répond toujours  » Ya!!! Nanti », littéralement « oui! plus tard » mais avec son éternel sourire cela voulait plutôt dire  »va voir ailleurs si j’y suis, la cuisine c’est mon domaine! ». Effectivement, nous ne sommes pas morts de faim. Au menu: frites à l’huile de noix de coco, fleurs de bananiers ou jackfruit au lait de coco, légumes en sauce aux épices, chips de riz soufflé, toffu et cacahuètes grillés… Tout ça en plus du poisson et du riz bien sur!  Et bien ne me croyez pas si vous voulez mais on a quand même réussi à maigrir.

Il faut dire que Mike est assez actif, plongeant 2 à 3 fois par jour en fonction des clients. C’est loin de lui déplaire car sous l’eau c’est tout bonnement incroyable. Il y a véritablement des coraux dans tous les sens: bleu, jaune ou rouge, en forme de tube ou en bouquet, des coraux durs et des coraux mous et puis il y a aussi des gorgones, des éponges, des anémones… Ces récifs recèlent un nombre incroyable de nudibranches et autres invertébrés que nous nous amusons à chercher parfois dans le fond d’infractuosités. Coté poisson ce n’est pas mal non plus: napoléons, mérous énormes, raies, murènes, baracudas, poissons anges et papillons à ne plus savoir où donner de la tête, anguilles jardinières, tortues… Ce n’est pas pour rien que le programme d’études sous-marines « Opération Wallacea » a implanté un de ses centres de recherche à Hoga. Malheureusement, nous avons beau regarder de près dans toutes les gorgones, nous ne réussirons pas à débusquer le moindre hypocampe pygmée qui habite pourtant les lieux. Le seul bémol à ce paradis sous-marin concerne les requins ayant quasiment disparus de la zone pour cause de pêche: le commerce d’ailerons a fait des ravages même ici. Je plonge aussi bien sur et certains jours où il n’y a pas de client j’ai même mon dive-master privé! C’est vraiment très agréable d’être tous les deux, seuls sous l’eau, sans aucun autre plongeur autour de nous.

Quand je ne plonge pas, entre les leçons avec les garçons, je m’occupe tranquillement en écrivant pour le blog, en lisant (beaucoup), en secondant Geertje dans ses démarches internet pour faire connaitre son petit coin de paradis et en préparant la fin du voyage, hélas! C’est l’été et donc les vacances pour le commun des mortels, il faut donc anticiper la réservation des billets d’avion et des chambres d’hôtel avant que les prix ne soient prohibitifs ou qu’il n’y aie tout simplement plus de place. Spéciale dédicace à mon père pour cette section: merci encore d’avoir démêlé l’imbroglio concernant nos cartes bancaires.

Nous allons aussi visiter le village Bajo aux abords de l’ile de Kaledupa. Les Bajos sont des nomades de la mer. Vivant à l’origine sur leurs bateaux, ils sont aujourd’hui plus ou moins sédentarisés mais toujours dans l’esprit de communion avec l’océan. Leurs maisons sur pilotis sont construites en pleine eau, sur des fonds peu profonds, la plupart du temps au-dessus de monticules formés de débris de coraux et de roche qui leurs servent de fondations. Pondang nous invite à déjeuner dans sa maison. Nous sommes reçus au milieu de la famille au sens large et Rose, sa femme, nous a préparé un vrai festin: poisson, oeufs, riz, toffu, chips à la crevette et… du poulet. Ici, au milieu des vagues c’est un plat de fête. C’est d’ailleurs la seule fois en 4 semaines où nous aurons l’occasion d’en manger.

Les soirées sont généralement courtes à Hoga. Une fois le diner avalé vers 19h nous papotons un peu avec Wia, Geertje et les gars, nous jouons parfois au triomino mais la plupart du temps nous nous retrouvons au lit aux alentours de 21h. Jusqu’au jour où nous sommes envahis d’un seul coup par des touristes français: 6 en tout! Du coup c’est l’occasion de varier les plaisirs en jouant au tarot (ah! La France!) et de faire les fous en se couchant après 23h!

Le seul (vrai) inconvénient dans ce petit paradis se sont les moustiques. Des centaines, de jour comme de nuit. Nous en avons rapidement fait la désagréable expérience, quand notre moustiquaire nous est tombée dessus en plein milieu de nuit. Pas bien éveillés, après 5 minutes à essayer sans succès de la refixer, nous décidons de faire sans et de revoir le problème le lendemain. Grave erreur: nous nous réveillons avec des dizaines de piqures sur le corps. Du coup c’est la parano, nous achetons du Baygon, du spray et malgré la chaleur c’est pantalon, manches longues et chaussettes! Et bien même avec ça ils arrivent encore à nous piquer. Ça gâche un peu le plaisir quand même. La bonne nouvelle c’est qu’ils ne sont pas porteurs de la malaria parce que sinon c’était jackpot assuré.

Enfin, malgré ce désagrément nous savourons la douceur de vivre quelques semaines dans un endroit comme celui-ci, car Hoga c’est le stéréotype de l’ile perdue en plein milieu de l’océan: longues plages de sable blanc sur lesquelles viennent s’échouer des vagues cristallines, cocotiers, forêt tropicale en arrière plan. Les principaux occupants de l’ile sont la trentaine d’âmes du village local de Furake et des varans d’environ 1,5 à 2m. Il n’y a quasiment aucun touriste hormis nous et les Anglais du centre de recherche (que nous ne voyons jamais car ils restent dans leur coin), aucun moteur, pas de télé, aucune contrainte, aucun besoin de consommation… Juste manger, dormir et profiter de ce que nous offre l’ile et les gens qui y vivent. Les 4 semaines de notre séjour passent sans que l’on y prenne garde et le dernier après-midi, de retour de plongée, nous avons la surprise de découvrir des Bajos aux bungalows. Pondang leurs a demandés de venir nous faire une petite surprise pour notre départ. Ils sont venus en famille, jouent de la musique se rapprochant du Gamelan balinais et éxécutent des danses traditionnelles à mi-chemin entre la danse et les arts martiaux. De leur coté, Nane et Jili nous ont préparé un feu de joie. Nous sommes ravis et émus. Tôt le lendemain matin (5H) tout le monde est debout pour nous dire au revoir. Dans la pale lueur de l’aube nous quittons Hoga avec tristesse en regardant nos amis nous faire des signes pour nous souhaiter bon voyage. Encore un endroit où nous reviendrons, nous en sommes persuadés.

En pays Toraja du 25 au 01/07

Tana Toraja signifie « Terre Toraja ». Située au nord de Makasar, c’est une région unique de par son peuple et sa culture. Arrivés aux Sulawesi par la mer, les Torajas commencèrent par vivre dans leurs bateaux échoués sur la côte. S’ils vivent aujourd’hui loin à l’intérieur des terres, leurs maisons Tongkonan ont gardé la forme d’un navire, chaque extrémité du toit s’élançant vers le ciel symbolisant la proue et la poupe. Originellement de confession animiste, ils sont aujourd’hui en majorité protestants suite au colonialisme hollandais, mais certains rites animistes restent bien présents dans la vie de cette communauté. Ils ont aussi un langage qui leur est propre, une cuisine traditionnelle à part et mille autres particularités. Et c’est au travers de toutes ces caractéristiques que la singularité du peuple Toraja s’exprime encore aujourd’hui.

Nous arrivons à Rantépao en tout début de journée, retrouvons Ana et Julia et partons dans notre inévitable quête de logement. Quelques guesthouses plus tard nous finissons par trouver notre bonheur chez  »Imanuel ». A peine le temps d’avaler un petit déjeuner que des guides locaux, désoeuvrés à cause du manque de touristes, nous proposent de nous emmener à des funérailles. L’idée de se rendre à l’enterrement de quelqu’un en tant que touriste peut surprendre, voire paraître abérante mais c’est pourtant l’un des évènements les plus prisés des visiteurs et si le « business des funérailles » existe c’est certainement que chacun y trouve son compte, même la famille. A chacun de se faire sa propre opinion.

De toutes les cérémonies Toraja, les funérailles sont la plus importante. Sans funérailles digne de ce nom, l’âme du défunt entrainera l’infortune sur toute la famille. Les Toraja ont généralement deux funérailles: une immédiatement après la mort puis une deuxième, plus élaborée, une fois les préparatifs terminés. Il faut savoir que ces 2° funérailles se déroulent sur plusieurs jours, rassemblent la famille au sens large du terme ainsi que les amis et les habitants des villages voisins, c’est à dire des centaines voire parfois des miliers de convives à nourrir et certains à loger. L’organisation d’un tel évènement peut donc prendre plusieurs mois à plusieurs années et dans l’intervalle, le défunt reste dans la maison familiale, au milieu de ses parents proches. C’est donc au premier jour des seconde funérailles d’une honorable dame de 70 ans que nous nous rendons tous les quatre, accompagnés de Paul, notre guide chargé de nous « introduire » auprès de la famille et de nous expliquer le déroulement de la journée. Nous arrivons sur place vers l’heure du déjeuner et immanquablement la famille nous invite à partager  le repas traditionnel: buffle bouilli à la sauce soja et aux épices, porc cuit dans du bambou, poissons sèchés pimentés et riz. Le tout arrosé de tuak, l’alcool de riz local. les Indonésiens sont des gens accueillants et les Torajas sont réputés être les plus accueillants des Indonésiens. Ce n’est pas nous qui dirons le contraire car ils continueront de nous nourrir tout l’après-midi! Après le déjeuner des hommes se rassemblent et entament une danse en l’honneur de la défunte. Son corps repose maintenant dans un cercueil de forme ovale mais pour immortaliser la défunte, les Torajas lui ont sculpté un Tau Tau, son effigie en bois grandeur nature. Après les danses arrive le moment de la procession: le cercueil et le Tau Tau sont promenés à travers tout le village et sur le bord de la route principale au rythme de chants et d’incantations traditionnels. Abreuvés de café et de patisseries nous nous baladons au mileu des « vrais » convives et regardons, ébahis, défilés d’énormes buffles. Le buffle est un animal très important pour les Torajas car il est le symbole de la richesse et du pouvoir. Certains de ces animaux, les albinos tout particulièrement, peuvent couter jusqu’à plusieurs miliers d’euros. Hélas, même leur prix ne les empêchera pas de partir eux aussi pour un autre monde, le sacrifice de buffles étant l’honneur suprême devant être rendu au défunt. Et je ne parle pas du sacrifice d’un buffle mais du sacrifice de buffles, parfois jusqu’à une centaine! Et des cochons aussi. Les animaux serviront ensuite à nourrir les invités. Pas étonnant que le budget des funérailles représente pour beaucoup de familles les économies de toute une vie. Outre les sacrifices, les combats de buffles sont aussi très réputés auprès des Torajas et donnent lieux à de nombreux paris. Le principe est simple: mettez deux buffles face à face et laissez les combattre jusqu’à ce que l’un d’entre eux abandonne en prenant la fuite… au beau milieu de la foule qui doit alors s’écarter sous peine de se faire piétinner par la bête en déroute. Sauvage, puissant et impressionnant. L’après-midi touche à sa fin lorsque nous partons, la tête remplie d’images et de toute cette étonnante culture. Notre guide nous propose de revenir pour le 3° jour, journée des sacrifices en série, mais comme nous ne sommes pas vraiment amateurs de carnage nous déclinons son offre. La région recèle bien d’autres attractions moins sanguinolantes.

Le soir venu nous allons diner dans un petit restaurant juste à coté de l’hôtel. Nous y faisons la connaissance d’Elvira et Abraham, deux locaux, qui nous proposent de nous joindre à eux pour une petite virée vers les montagnes au nord de Rantépao. Rendez-vous est pris pour dans deux jours. Ils ont l’air tout excités à l’idée de passer une journée avec nous, et nous sommes ravis de pouvoir découvrir une partie de la région avec des gens du coin.

Le jour suivant nous trainons toute la matinée à l’hôtel à papoter avec d’autres touristes. A l’heure du déjeuner nous partons en quête d’un petit restaurant où manger. Nos choix se porteront sur une portion de buffle aux épices Toraja et de Babi Kecap, littéralement cochon à la sauce soja sucrée. Délicieux. Après des mois de poulet, nous faisons main basse sur le buffle et le cochon, viande que nous n’aurons que rarement l’occasion d’avoir au menu dans un pays à majorité musulmane. Repus, nous enfourchons notre mobylette de location pour partir découvrir quelques villages aux alentours de Rantépao. A peine sortis du bourg nous découvrons des Tongkonan éparpillées partout dans la campagne. Nous nous arrêtons plusieurs fois pour profiter du panorama et découvrir à pied ces petits hameaux qui bordent la route. Nous arrivons finalement à Kete Kesu, village traditionnel réputé pour la beauté de ses Tongkonan et ses grottes-sépultures. C’est une autre des caractéristiques du peuple Toraja: ils « enterrent » leurs morts dans des grottes naturelles ou creusées à flanc de falaise. Depuis le coeur du village un petit sentier serpente vers les sépultures et lorsque nous arrivons au pied de la falaise nous y découvrons un véritable ossuaire. Certaines tombes creusées dans la roche sont closes par une petite porte en bois mais de nombreux cercueils gisent à même le sol, éventrés par l’usure du temps, laissant apparaitre d’innombrables os humains. Ame sensible s’abstenir. Nous continuons notre progression jusqu’au bout du sentier et sommes sur le point de faire demi-tour lorsque nous avisons l’entrée d’une grotte naturelle. Lampe frontale en place nous nous aventurons à l’intérieur de la cavité pour une petite session spéléologie improvisée. Sur quelques dizaines de mètres de profondeur, nous y découvrons le même spectacle qu’à l’extérieur mais dans cet espace clos, sombre, humide, froid et glissant l’adrénaline commence à nous chatouiller. Nous abandonnons nos investigations quand la progression devient impossible sans se mettre à ramper, mais nous apprendrons par la suite que la grotte et les sépultures s’étendent encore bien au-delà. Quand nous ressortons la nuit est sur le point de tomber, nous décidons donc de rentrer à l’hôtel.

Le dimanche 27 Juin nous devons retrouver Elvira et Abraham aux abords du village de Batu Tumonga situé dans les montagnes au nord de Rantépao. Après une heure de mobylette sur une route on ne peut plus chaoteuse, nous atteignons le point de rendez-vous. C’est une petite baraque en bois sur le bord de la route, servant du café local à déguster en profitant de la vue imprenable sur la vallée et les rizières en contrebas. Elvira et Abraham sont en compagnie de quelques amis à qui ils nous présentent. Parmis eux il y a entre autre Angga, un jeune homme de 25 ans, très curieux, qui a appris à parler anglais tout seul et qui sais ce qu’il veut dans la vie. Le contact passe de suite et nous restons à papoter plusieurs heures ensemble de son pays et du notre. Nous nous souviendrons longtemps de sa surprise lorsque nous lui apprenons qu’il n’y a pas de cocotiers le long des plages françaises! Avant de nous séparer, il nous invite à venir chez lui dans deux jours, sa famille habitant une Tongkonan dans un petit village à l’est de Rantépao. Le dimanche après-midi et le jour suivant, Mike et moi nous baladons au hasard des chemins avec notre mobylette, découvrant de nouvelles grottes-tombeaux au détour d’un virage, des piscines naturelles creusées par l’eau à même la roche, des petits hameaux abrités dans des bosquets de bambous ainsi que de splendides panoramas de rizières nichées au creux de falaises escarpées sur lesquelles les nuages viennent projeter leurs ombres dansantes. A l’heure des repas nous nous régalons de mie goreng (nouilles sautées aux légumes), de bakso babi (soupe aux boulettes de porc) ou de gado-gado (plat de légumes cuits dans du bambou, à la sauce cacahuète). Nous en profitons aussi pour nous acheter quelques souvenirs de la région dans les ateliers de sculptures sur bois, artisanat traditionnel Toraja.

Le 29 Juin Angga vient nous chercher à l’hôtel pour nous conduire jusque chez lui à Nanggala. La maison de sa famille ne se situe pas à proprement parlé dans le vilage mais dans un petit hameau isolé dans les rizières. Même la pluie persistante de ce début de journée ne nuira pas au charme et à l’élégance de la Tongkonan qui élance les pointes de son toit au milieu de la frondaison des arbres. Pour la première fois nous allons pouvoir rentrer à l’intérieur d’une de ces majestueuses demeures en bois sculpté. L’intérieur s’avère moins impressionnant que l’extérieur car trés spartiate mais chaque espace de la maison a son utilité propre. Une extrémité sert de partie privative aux occupants, l’espace central de cuisine-salon et l’autre extrémité est reservée aux morts: c’est là que reposent les défunts en attendant les funérailles. Sa soeur qui vit ici nous amène du café et nous nous installons confortablement pour écouter tout ce que Angga a à nous apprendre sur l’histoire de son peuple, ses traditions, la signification de chaque motif sculpté dans le bois de sa maison et des greniers à riz mais aussi ses ambitions d’avenir et ses utopies concernant l’Europe. Nous en faisons tomber quelques unes au passage. Les heures passent sans que l’on s’en rende vraiment compte et ce sont les tiraillements de nos estomacs qui nous forcent à retourner vers Rantépao pour nous restaurer. En chemin nous prenons quand même le temps de nous arrêter regarder une impressionante colonie de chauve-souris énormes qui nichent dans les arbres tout près de la maison de Angga. Nous nous séparons en milieu d’après-midi, chacun rentrant terminer tranquillement la journée chez soi.

Nos deux dernières journées en pays Toraja sont plutôt oisives. Nous faisons bien une petite virée au marché à bestiaux de Bolu, histoire d’y voir une dernière fois ces buffles albinos qui se vendent à prix d’or, mais nous y arrivons trop tard et ne trouvons plus que les étals de poissons, fruits et légumes. Mike en profite aussi pour régler les derniers détails concernant notre venue et notre séjour sur l’ile de Hoga. L’excitation l’en reprend de plus belle et il passe son temps à se balader en répétant « Bientôt on va plonger! Bientôt on va plonger! ». Nous faisons aussi la connaissance de Zuska et Jens, un couple germano-tchèque, qui sont partis d’Australie avec leurs vélos et qui projettent de rallier l’Allemagne en pédalant d’ici 2 ans! Pas mal comme projet! Le bus de nuit pour rentrer à Makassar est sensiblement le même que celui que nous avons pris à l’aller: aussi confortable avec des lumières de boite de nuit en prime. Pour la modique somme de 8 euros, vraiment les bus Bintang-Prima c’est la classe! Neuf heures plus tard nous arrivons à Makassar pour une petite pause de quelques heures avant de nous envoler vers Hoga.

( Au moment ou je publie cet article, la connexion internet ne me permet pas de charger les photos> Desolee, il faudra attendre qu on rentre!!)

Makasar 21 au 24/05

SELAMAT DATANG !!!!!!!!!!!!!

Makasar, ville des iles Sulawesi, à l’est de l’Indonésie, de l’autre coté de l’équateur… Ca sonne pas mal, non? Et c’est encore mieux quand vous êtes accueillis avec le sourire, même par les douaniers! Nous nous souvenions des Indonésiens comme de gens charmants et les premiers contacts ne viennent pas démentir cette impression.

A peine débarqués de l’avion, nous faisons la connaissance de Fabien, un français installé aux Sulawesi depuis un an et demi. Il connait bien la place et nous décidons de le suivre à l’hôtel où il a l’habitude de séjourner lorsqu’il est à Makasar. A peine les sacs déposés au « New Legend Hotel », nous repartons aussi sec vers un  warung (petit restaurant ambulant) pour diner car nous sommes tous affamés: poulet grillé, riz et sauce satay (à base de cacahuètes). Délicieux, si bien que nous en recommandons tous une deuxième fois. La fin de soirée à l’hôtel se passe agréablement à parler des Sulawesi, de plongée car Fabien est aussi dive-master et à regarder le foot.

Le lendemain, réveil tardif: merci les 2 nuits passées dans les transports et le décalage horaire. La journée est déjà bien entamée lorsque nous trouvons assez de motivation pour passer à l’action. Nous prenons la direction du port pour aller à la pêche aux informations concernant les ferrys naviguant dans tout l’est indonésien pour les jours à venir. Nous trouvons tout ce qu’il nous faut dans une agence de voyage fort efficace et pouvons donc sans remord nous attabler nonchalement dans un warung, le temps de boire quelque chose. Notre « pause soda » se transforme en un délicieux casse-tête: la patronne est trop heureuse d’avoir des étrangers dans son échoppe, nous « force » à déguster un pamplemousse gros comme une pastèque, essaie de nous parler avec les quelques mots d’anglais qu’elle connait tandis que nous essayons de lui répondre avec nos toutes nouvelles notions d’indonésien, chacun y allant de son traducteur électronique ou de son dictionnaire de poche quand la situation devient trop compliquée. Mémorable. Y’a pas à dire, les Indonésiens sont vraiment trop gentils. Après 3 mois en Inde à devoir tout marchander et tout vérifier, tant de spontanéïté et de sincérité ça fait du bien. De retour à l’hôtel nous organisons aussi la future extension de notre visa, valable seulement 30 jours, par l’intermédiaire du manager qui se porte « sponsor » pour nous et fera les démarches à notre place, ici à Makasar, pendant que nous nous prélasserons quelque part sur une ile paradisiaque. Bon ça coute un peu, commission du sponsor oblige, mais c’est le seul moyen pour ne pas être obligé de revenir à Makasar en plein milieu de notre séjour. Spontanés et sincères les Indonésiens mais ils savent aussi très bien mener leurs affaires! Et puis vient enfin le grand moment du troisième (et dernier) match de l’équipe de France: ça se passe de mots.

Le jour suivant Mike profite d’avoir encore accès à internet, ce qui ne sera pas le cas partout aux Sulawesi, pour donner signe de vie à son travail en France. Ce n’est pas encore l’heure du retour mais il y a des choses qu’il faut savoir anticiper un peu, histoire que les gens se souviennent de vous. Résultat, il est trop tard pour partir de vers de nouveaux horizons et nous avons encore quelques formalités administratives à vérifier concernant notre visa car avant de pousser nos aventures plus loin nous voulons être certains de ce qu’il est possible de faire en matière d’extension: où, quand et en combien de temps. Nous passons donc l’intégralité de la journée à l’hôtel, à planifier les semaines à venir. Il faut bien en passer par là de temps en temps mais on a connu programme plus alléchant.

Notre dernière journée est riche en rebondissement. De bonne heure nous achetons nos tickets pour le bus de nuit partant en pays Toraja (prochain article). Notre projet initial est de suivre plus ou moins le parcours  »standart » pour découvrir les Sulawesi: pays Toraja, iles Toggean, parc national maritime de Bunaken. Mais parfois tout peut changer en un clin d’oeil et c’est ce qui se passe quand Mike se dégote un « travail » en tant que dive-master à l’opposé de là où nous avions prévu d’aller. Rina, notre sponsor pour les visas, connait une Hollandaise qui tient un petit complexe de bungalows et un mini centre de plongée sur une ile perdue au sud-est des Sulawesi. Comme Mike n’arrêtait pas de répèter qu’il voulait plonger, plonger, plonger… elle lui dit de prendre contact avec Geerjte, la Hollandaise en question, pour savoir si elle a besoin de quelqu’un pour aider au centre moyennant réduction sur le prix de nos plongées. Il aura suffit d’un coup de téléphone: elle n’a actuellement personne pour gérer le centre, elle nous attend dés que possible! Je ne peux même pas décrire dans quel état d’excitation Mike se retrouve en moins de quelques minutes. Il est intenable.

En fin d’après-midi nous faisons la connaissance d’Ana et Julia, deux soeurs italiennes, qui partent elles aussi pour le pays Toraja ce soir. Nous discutons un peu ensemble et après le diner nous nous rendons tous au départ du bus; nous ne sommes pas dans le même mais notre destination reste commune, nous décidons donc de nous attendre une fois arrivés à Rantépao . En ce qui concerne le bus, c’est la classe: écran plat à l’avant pour que ces messieurs puissent regarder la coupe du monde, des sièges taille XL qui s’inclinent presque à l’horizontale avec une partie amovible qui se remonte sous les jambes pour permettre aux voyageurs d’être vraiment installés confortablement. On se croirait dans le compartiment Business Class d’un avion. Du coup, malgré les chaos de la route, nous passons une nuit relativement bonne et sommes frais et dispos en arrivant à Rantépao.

En transit du 20 au 21/06

C’est le genre d’épisode dont on se passerait surtout lorsqu’on en est les protagonistes: 36 heures de transit entre l’Inde et l’Indonésie. C’est le genre d’épisode qui s’appréhende comme un programme de séminaire: long et ennuyeux. Les voyages forment la jeunesse mais ce que personne ne dit c’est que c’est parfois bien fatiguant.

Ca se déroule comme ça:

- 01H30: arrivée à l’aéroport de New Delhi;

- 03H30: départ de notre premier vol, direction Hong Kong (pour l’anecdote, nous découvrons avec surprise que nous ferons brièvement escale à Bangkok, ce qui fera bien rire ceux qui ont quelques notions de géographie asiatique quand ils verront où nos emmène notre vol suivant).

- 14H05: arrivée à Hong Kong pour 7 longues heures d’attente à l’aéroport;

- 21H05: départ de notre deuxième vol, direction Kuala Lumpur (!!);

00H50: arrivée à Kuala Lumpur. On s’était payé le luxe de réserver une chambre d’hôtel près de l’aéroport. Avec les frais de taxis et les surtaxes cela nous aura couté 65 euros pour seulement quelques heures de repit  mais franchement… on est content de dormir enfin dans un lit après avoir enchainé une nuit dans un bus (cf. Vallée de la Parvati) puis une nuit dans un avion;

- 12H00: retour à l’aéroport de Kuala Lumpur;

- 13H40: départ de notre troisième vol, direction Makasar notre terminus;

- 17H05: arrivée à Makasar, enfin!

Résumé en quelques lignes il n’y parait rien, mais je peux vous assurer qu’on était ravi que ça se termine.

Vallée de la Parvati du 02 au 18/06

Nous arrivons à Bunthar dans la vallée de la Parvati, en Himachal Pradesh vers 8H du matin après une nuit de bus. Nous n’avons pas trop mal dormi car nous avions réservé un bus climatisé et confortable donc nous sommes aptes à entamer notre journée. Après le petit-déjeuner nous prenons à nouveau un bus local pour nous emmener à Kasol, un petit village un peu plus loin dans la vallée. C’est un village complètement tourné vers le tourisme, la longue rue centrale étant bordée de petits magasins de souvenirs, de restaurants, de guesthouses, d’agences de voyage et de centres internet. Pas très typique mais nous décidons de nous arrêter là pour la journée. En fait nous y resterons même 2 jours car le mauvais temps du lendemain n’incite pas vraiment à partir en exploration dans les montagnes. Du coup on fait comme tout le monde: bouffe, lecture et internet.

Le 04 Juin, le beau temps étant de retour nous partons en milieu de matinée vers Rashol, un petit village isolé dans la montagne à 3h de marche de Kasol et accessoirement de la route! Ca grimpe, ça grimpe encore et ça grimpe toujours. Nous passons de 1500 à 2500m d’altitude. En cours de chemin nous nous arrêtons dans un petit café posé là au milieu de rien, profitant du soleil et reprenant notre souffle. Mais de gros nuages commencent à s’amonceller au-dessus de nos têtes nous incitant à repartir avant qu’il ne soit trop tard. Et nous arrivons pile à temps: à peine les sacs déposés au sol qu’un énorme orage éclate. Le programme de la fin de journée est tout vu: au chaud sous la couette avec un bon bouquin, du chocolat (acheté à Kasol au cas où..)… et une bougie car l’électricité a sauté suite à l’orage. Nous restons sur le même rythme le lendemain car malgré le retour du soleil nous sommes pris de fainéantise et n’avons absolument pas envie de faire quoi que ce soit.

Le 06 Juin, après une matinée tranquille, nous trouvons enfin le courage d’aller nous balader sur les crêtes. En chemin nous nous arrêtons chez Djej et Ellie (un couple indo-australo-néo-zélandais) rencontrés la veille et qui vivent  la moitié de l’année dans une maison à 15 min de Rashol. Une fois arrivés au sommet, nous marchons quelques temps entre des cabanes construites en bois et bouses sèchées où vivent des familles isolées du reste du monde. Nous profitons aussi d’une jolie vue de la vallée en contrebas et respirons à plein poumons le bon air pur de la montagne. De retour à Rashol en début d’après-midi, nous décidons de redescendre directement à Kasol pour partir vers de nouveaux horizons dés le lendemain.

Le 07 Juin nous repartons à l’assaut des montagnes mais sur l’autre versant de la vallée, direction Grahan, un autre village isolé à 2H30 de marche de Kasol. La balade est plus buccolique, le sentier serpentant pendant plusieurs kilomètres le long de la rivière, dans la forêt de pins ou dans de petites prairies recouvertes de fleurs sauvages. Mais comme de bien entendu, au bout d’un moment il faut commmencer à grimper. Mike a chaussé ses jambes supersoniques et avale la cote sans aucun problème, mais pour moi c’est une autre histoire. Je suis toute courbaturée de notre descente à grande vitesse de la veille et la dernière heure me parait bien longue et bien fatiguante. Enfin, nous arrivons quand même à destination et découvrons un village vraiment rustique, où les gens vivent comme on vivait certainement il y a 50 ans dans les villages de montagnes en France. Le rez de chaussé des maisons est utilisé pour stocker le foin et abriter les animaux: vaches, chèvres, poules et chiens; tandis que les hommes vivent à l’étage au milieu des mouches et dans les odeurs d’étable. Arrivés dans la seule maison faisant office de guesthouse, nous apprenons que là non plus il n’y a pas d’électricité depuis 3 jours. Mike ne se démonte pas et se douche à l’eau froide (qui arrive directement du torrent!!) tandis qu’il demande gentiment un baquet d’eau chaude pour moi. Qu’il est galant. La pluie se joint de nouveau à la fête et ne cessera pas une seconde pendant plus de 36h nous cloitrant à l’intérieur: un bon bouquin, des cookies, une bougie et…au chaud sous la couette. On ne pourra pas dire qu’on manque de sommeil!

Le 09 Juin, le temps se lève un peu nous accordant quelques heures de soleil. Nous en profitons aussitôt pour faire une petite excursion vers des chutes d’eau accompagnés de Hukam, le patriarche de la famille qui nous héberge, qui nous montre le chemin. Notre timing aura été parfait car à la seconde où nous rentrons à la maison la pluie  recommence, ce qui nous contrarie un peu car nous avions pensé rentrer à Kasol dans la foulée. Et oui, nos livres sont finis, il n’y a toujours pas d’électricité et la perspective d’une nouvelle douche froide et d’une soirée à regarder le plafond n’enchante personne. Vers 15H30, à la faveur d’une accalmie, nous décidons de tenter le tout pour le tout et de rentrer au pas de course. Nous serons chanceux et réussirons presque à passer entre les gouttes. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour de la lumière, une bonne douche chaude et un bon film sur l’ordinateur!

Les deux journées suivantes nous font, bien contre notre gré, remettre un pied en France par l’intermédiaire de la déclaration des impôts sur le revenu!! Entre les problèmes de connection, notamment au site des impôts, les coupures de reseau et les coupures d’électricité, il nous faudra deux journées pour accomplir cette mission ingrate. Heureusement que le reste de l’emploi du temps n’était pas chargé. Nous retrouvons aussi Djej et Ellie, descendus de leur montagne quelques jours pour se « sociabiliser » et Mike en profite pour regarder le match d’ouverture de la coupe du monde qui commence.

Le 12 Juin nous levons le camp, direction Pulga un peu plus au loin dans la vallée. Mike se souvenait d’un petit village suspendu sur le flanc de la montagne, juste au dessus d’une rivière, mais quand nous arrivons  nous découvrons que le paysage a bien changé. Un projet de construction de barrage est en cours et de vilaines digues bétonnées ont recouvertes les basses collines verdoyantes. Il est trop tard pour changer de destination aujourd’hui. Nous grimpons vers Pulga en se disant qu’au pire nous irons voir plus loin demain. Mais une fois dans le village, l’affreux chantier disparait à nos yeux, nous trouvons une petite guesthouse sympa avec eau chaude, internet et TV satellite, l’argument qui fait flancher Mike: la coupe du monde continue. On finit par se dire qu’on ne va peut être pas être si mal ici. Et effectivement nous y resterons jusqu’au 18 Juin, jour de notre retour vers New Delhi. Qu’avons nous fait pendant ces 6 jours: rien. Absolument rien. Il y a pourtant plein de balades à faire dans la forêt, ou d’autres villages à découvrir, ou même des sources d’eau chaude mais nous sommes pris d’une crise de « glandouillite aigüe » et passons nos journées sur le toit terrasse quand il fait beau ou devant la télé du restaurant quand il pleut ou encore sur internet pour écrire le blog, entre autre. C’est les vacances quoi! De toute façon, Mike ne sait pas se reposer en bord de mer puisqu’il plonge donc avant d’arriver en Indonésie où il va pouvoir s’en donner à coeur joie, il fallait bien qu’il s’arrête un peu.

Le 18 Juin, nous prenons le chemin du retour vers New Delhi: nous grimpons dans une jeep jusqu’à Bunthar à l’entrée de la vallée puis comme à l’aller: 12 heures de bus de nuit. Puis une journée d’attente à New Delhi et en plein milieu de nuit direction l’aéroport pour entamer un parcours de 48 heures avant d’arriver en Indonesie

New Delhi le 01/06

Nous sommes revenus à New Delhi car c’est de là que partent les bus pour l’Himashal Pradesh, une région montagneuse à l’ouest de la chaine himalayenne, où nous espérons retrouver un peu d’air frais. Nous arrivons en ville en soirée le 30/05 et retournons à Pahar Ganj comme la première fois. Quel n’est pas notre étonnement de découvrir des travaux partout et des maisons à moitié écroulées tout le long de la ruelle commerçante de notre guesthouse. Nous apprenons qu’il y a quelques années cette ruelle était en fait une vraie rue mais que petit à petit les commerçants ont grignoté l’espace publique pour agrandir leurs échoppes. La municipalité de New Delhi a décidé d’y remettre bon ordre et des chantiers de démolition ont commencé partout dans le quartier du bazar. Nous traversons donc une zone de chantier publique en zigzagant entre les tas de gravas et en prenant bien garde d’esquiver les chutes de pierres intempestives. A part cela et  nos brèves retrouvailles avec Ashish, venu à la capitale pour affaires, il ne se passe rien de bien particulier.

Le lendemain nous avons deux missions. La première est vite accomplie: nous réservons sans difficulté deux billets pour le bus de nuit partant en milieu d’après-midi pour l’Himashal Pradesh. La deuxième nous prend un peu plus de temps mais c’est toujours comme ça quand on fait du shopping! Petites chaussures du Rajasthan, ceinture et sacoche en cuir, tenture et housses de coussins pour notre salon, quelques vêtements… Une fois de plus c’est la ronde des billets de banque. Mais bon, on ne vit qu’une fois et ça nous fera de jolis souvenirs pour adoucir un peu les dures années de travail qui s’annoncent!!! Ensuite direction une office d’envoi de colis parce qu’entre les achats du jour, ceux de Varanasi et le thé de Darjeeling ce n’est pas moins de 20Kg que nous expédions vers la France. Nos sacs à dos vont être bien plus légers maintenant.

Il est 15H45, nous retournons au pas de course à l’hôtel histoire de prendre une petite douche avant de sauter dans le bus et aussi pour dire définitivement au revoir à Steffie qui prend l’avion de retour pour Allemagne un peu plus tard dans la nuit.  »Your Hightness Steffie », ce fut un vrai plaisir de voyager avec toi pendant 2 mois. Bonne chance pour tes études. En espérant se revoir prochainement en France ou en Allemagne. Et… passe le bonjour à Dominique et à ta soeur;)

Agra du 30 au 31/05

Mike a gardé un mauvais souvenir d’Agra: prix élevés, population mal-aimable, harcellement par les chauffeurs de taxi, etc… S’il n’avait tenu qu’à lui, il n’y serait pas revenu. Oui, mais moi je voulais voir le Taj Mahal. D’un commun accord nous avons donc décidé d’y rester le moins possible c’est à dire juste le temps nécéssaire pour allez voir ce symbole de l’Inde mondialement connu.

Nous arrivons en fin d’après-midi et à la grande surprise de Mike les choses ne se passent pas si mal. Nous négocions bien un peu le prix de la course en rickshaw mais c’est toujours comme ça de toute façon. Nous trouvons rapidement un hôtel avec vu sur le Taj Mahal, hélas il est déjà trop tard pour profiter du spectacle du coucher de soleil sur le monument. Un peu plus tard dans la soirée, nous retrouvons une fois de plus Steffie et Stephen, qui nous rejoignent sur le toit-restaurant de l’hôtel. Nous passons un petit moment ensemble puis nous disons à nouveau au revoir à Stephen qui part pour Jaïpur demain et donnons rendez-vous à Steffie en milieu de matinée le jour suivant.

Pour pouvoir profiter sereinement du Taj Mahal il faut se lever tôt, c’est à dire avant les groupes de touristes en voyage organisé et avant la chaleur. A 5H30 nous sommes sur le toit de l’hôtel pour regarder le soleil se lever sur le Taj Mahal changeant de teinte au fur et à mesure que celui-ci s’élève dans le ciel. A 6H nous sommes aux portes du site. Nous ne sommes pas les premiers mais il n’y a pas foule non plus. Nous pénetrons dans la première cour donnant accès à la porte principale. Je m ‘arrête et profite du spectacle car dans l’arche pourpre de la porte se dessine au loin la silouhette nacrée du Taj Mahal. Majestueux. Les photographes « professionnels » du site s’approchent de nous, nous proposant de faire des photos de nous. Quand ils réalisent que Mike a un appareil bien plus performant que les leurs nous rigolons sous cape. Ils ne nous importuneront pas plus longtemps. Plus nous nous avançons vers le monument et plus je suis impressionnée par ses dimensions, sa splendeur et la finesse de ses dentelles de marbre ainsi que des incrustations de pierres semi-précieuses. Repensant en plus à l’histoire d’amour à l’origine de la construction de ce mausolée, cela finit de donné une atmosphère bien particulière aux lieux. Nous nous promenons environ 2 heures sur le site, visitant l’intérieur du mausolée, les mosquées qui l’entourent et les jardins. La chaleur commence à se faire sentir et la foule arrive peu à peu, nous décidons de partir.

De retour à l’hôtel vers 8H30, nous attendons Steffie en prenant notre petit-déjeuner. Vers 10H30 nous levons le camp, direction une des gares routières  de la ville où nous espérons trouver un bus climatisé pour rejoindre New Delhi. La mission sera remplie avec succès et sans souci particulier. A 12H le bus démarre, la climatisation fonctionne. Nous serons à New Delhi dans la soirée.

Orchha le 30/05

Ce ne devait être qu’une halte à mi-chemin entre Khajuraho et Agra mais à notre réveil nous comprenons qu’Orchha vaut le détour. Plusieurs temples et un impressionant fort s’élèvent au beau milieu du village. Ni une, ni deux, nous partons en exploration avant que la chaleur ne devienne trop insoutenable. Et nous apprendrons quelques heures plus tard que nous venons de battre un nouveau record avec 49,1°C!! Si le temple qui surplombe le marché est imposant de l’extérieur, l’intérieur se révèle par contre sans grand interêt car il n’a pas été entretenu. La principale attraction consiste à regarder les singes langur faire leurs pitreries.

Nous filons donc vers le fort. A l’abri de hautes murailles et derrière une massive porte en bois hérissée de clous se dressent le palais et ses dépendances. Là encore, si les batiments sont impressionnant de part leur taille, une fois à l’intérieur nous découvrons une enfilade de pièces vides mais au milieu des coursives, près des anciennes fontaines ou en haut des tours de guet il est tout de même facile de s’imaginer la vie de je ne sais quel Maharadja et de son harem.

Nous retournons vers notre hôtel en fin de matinée et prenons à nouveau le chemin de la gare mais ce coup-ci nous avons des sièges de réservés dans un wagon climatisé. Agra, fait reluire ton Taj Mahal, nous voilà!