Hoga – Parc maritime national de Wakatobi du 03/07 au 31/07

Le parc maritime national de Wakatobi se situe au sud-est des Sulawesi et se compose de 4 iles principales et d’un chapelet d’iles secondaires dont Hoga. Il se situe au cœur d’une zone appelée « Le triangle de Wallace » qui est le centre mondial de la biodiversité concernant la formation de récifs coralliens. L’activité touristique y est toujours réduite car, une fois de plus, pour y aller il faut prendre son mal en patience. Ça commence avec un vol entre Makassar et la petite ville de Bau Bau à la frontière nord du parc, puis une nuit en « ferry » (bateau en bois) pour rallier Wanci, suivi de 2 heures supplémentaires de bateau pour rejoindre Kalédupa, l’ile voisine de Hoga. De là nous nous sommes débrouillés pour arriver à destination, au resort « Pak Kasim » à Hoga.

Je reviens brièvement en arrière pour réexpliquer les conditions de notre venue à Hoga. Durant notre séjour à Makassar, Mike avait trouvé un « job » en tant que guide de plongée auprès de Geertje, la gérante du resort « Pak Kasim ». Le deal étant que Mike guide les touristes-plongeurs du resort, que j’aide à quelques menus travaux du coté des bungalows et qu’en échange nous soyons logés et nourris. Tout le monde y trouvait son compte et une dizaine de jours plus tard nous posons les pieds sur la plage de sable blanc bordant les bungalows.

Notre arrivée en ces lieux est un peu bizarre car Geertje, partie pour quelques jours à Makassar, n’est pas là pour nous recevoir et nous expliquer le fonctionnement du centre de plongée. Heureusement il y a Wia,  »l’intendante générale » du resort, qui nous fournit quand même quelques informations nous permettant d’improviser au mieux en fonction de la situation. Quand je parle de resort, le terme est un peu démesuré. « Pak Kasim » est en fait un petit complexe de 5 bungalows en bois construits face à la mer mais astucieusement cachés dans la végétation, ce qui ne dénature pas l’aspect de la plage. Lorsque nous y arrivons nous sommes les seuls clients, ce qui nous enchante, car nous avons tout loisir de découvrir les lieux et ceux qui deviendront nos compagnons de tous les jours pendant un mois: Wia bien sur , Pondang notre boat-boy favori mais aussi Jili et Nane, deux gamins du coin d’environ 12 ans qui viennent aider aux bungalows. Nous passons donc les 2 premiers jours seuls, alternant plongées, farniente et bonnes bouffes car Wia est une cuisinière hors paire: elle nous fait du pain brioché pour le petit-déjeuner et nous cuisine de mille façons différentes des poissons tout juste pêchés pour les autres repas. La vie est belle, quoi!

Après quelques jours, les clients puis Geertje finissent par arriver. Nous faisons donc connaissance avec notre « Boss », qui trouve que Mike s’est très bien débrouillé jusqu’ici. L’ambiance de l’ile a déteind sur elle: elle est plus que cool et ne semble pas vouloir s’user les méninges à gérer son centre de plongée alors que Mike le fait si bien. De mon coté je suis implicitement en charge de parfaire la scolarité de Jili a qui je fais travailler ses divisions et multiplications et d’apprendre à écrire à Nane qui ne va pas à l’école. Enfin autant que cela est possible en un mois! Geertje gère (aussi) une ONG pour venir en aide aux locaux et l’éducation des enfants du village lui tient très à coeur. Je prends donc cette mission très au sérieux. J’aide aussi Wia en mettant la table et en débarrassant les reliefs des repas, en m’assurant que les voyageurs payent bien la taxe d’entrée au parc de Wakatobi etc, etc… Mais en ce qui concerne la cuisine en elle même, à chaque fois que je lui propose mon aide elle me répond toujours  » Ya!!! Nanti », littéralement « oui! plus tard » mais avec son éternel sourire cela voulait plutôt dire  »va voir ailleurs si j’y suis, la cuisine c’est mon domaine! ». Effectivement, nous ne sommes pas morts de faim. Au menu: frites à l’huile de noix de coco, fleurs de bananiers ou jackfruit au lait de coco, légumes en sauce aux épices, chips de riz soufflé, toffu et cacahuètes grillés… Tout ça en plus du poisson et du riz bien sur!  Et bien ne me croyez pas si vous voulez mais on a quand même réussi à maigrir.

Il faut dire que Mike est assez actif, plongeant 2 à 3 fois par jour en fonction des clients. C’est loin de lui déplaire car sous l’eau c’est tout bonnement incroyable. Il y a véritablement des coraux dans tous les sens: bleu, jaune ou rouge, en forme de tube ou en bouquet, des coraux durs et des coraux mous et puis il y a aussi des gorgones, des éponges, des anémones… Ces récifs recèlent un nombre incroyable de nudibranches et autres invertébrés que nous nous amusons à chercher parfois dans le fond d’infractuosités. Coté poisson ce n’est pas mal non plus: napoléons, mérous énormes, raies, murènes, baracudas, poissons anges et papillons à ne plus savoir où donner de la tête, anguilles jardinières, tortues… Ce n’est pas pour rien que le programme d’études sous-marines « Opération Wallacea » a implanté un de ses centres de recherche à Hoga. Malheureusement, nous avons beau regarder de près dans toutes les gorgones, nous ne réussirons pas à débusquer le moindre hypocampe pygmée qui habite pourtant les lieux. Le seul bémol à ce paradis sous-marin concerne les requins ayant quasiment disparus de la zone pour cause de pêche: le commerce d’ailerons a fait des ravages même ici. Je plonge aussi bien sur et certains jours où il n’y a pas de client j’ai même mon dive-master privé! C’est vraiment très agréable d’être tous les deux, seuls sous l’eau, sans aucun autre plongeur autour de nous.

Quand je ne plonge pas, entre les leçons avec les garçons, je m’occupe tranquillement en écrivant pour le blog, en lisant (beaucoup), en secondant Geertje dans ses démarches internet pour faire connaitre son petit coin de paradis et en préparant la fin du voyage, hélas! C’est l’été et donc les vacances pour le commun des mortels, il faut donc anticiper la réservation des billets d’avion et des chambres d’hôtel avant que les prix ne soient prohibitifs ou qu’il n’y aie tout simplement plus de place. Spéciale dédicace à mon père pour cette section: merci encore d’avoir démêlé l’imbroglio concernant nos cartes bancaires.

Nous allons aussi visiter le village Bajo aux abords de l’ile de Kaledupa. Les Bajos sont des nomades de la mer. Vivant à l’origine sur leurs bateaux, ils sont aujourd’hui plus ou moins sédentarisés mais toujours dans l’esprit de communion avec l’océan. Leurs maisons sur pilotis sont construites en pleine eau, sur des fonds peu profonds, la plupart du temps au-dessus de monticules formés de débris de coraux et de roche qui leurs servent de fondations. Pondang nous invite à déjeuner dans sa maison. Nous sommes reçus au milieu de la famille au sens large et Rose, sa femme, nous a préparé un vrai festin: poisson, oeufs, riz, toffu, chips à la crevette et… du poulet. Ici, au milieu des vagues c’est un plat de fête. C’est d’ailleurs la seule fois en 4 semaines où nous aurons l’occasion d’en manger.

Les soirées sont généralement courtes à Hoga. Une fois le diner avalé vers 19h nous papotons un peu avec Wia, Geertje et les gars, nous jouons parfois au triomino mais la plupart du temps nous nous retrouvons au lit aux alentours de 21h. Jusqu’au jour où nous sommes envahis d’un seul coup par des touristes français: 6 en tout! Du coup c’est l’occasion de varier les plaisirs en jouant au tarot (ah! La France!) et de faire les fous en se couchant après 23h!

Le seul (vrai) inconvénient dans ce petit paradis se sont les moustiques. Des centaines, de jour comme de nuit. Nous en avons rapidement fait la désagréable expérience, quand notre moustiquaire nous est tombée dessus en plein milieu de nuit. Pas bien éveillés, après 5 minutes à essayer sans succès de la refixer, nous décidons de faire sans et de revoir le problème le lendemain. Grave erreur: nous nous réveillons avec des dizaines de piqures sur le corps. Du coup c’est la parano, nous achetons du Baygon, du spray et malgré la chaleur c’est pantalon, manches longues et chaussettes! Et bien même avec ça ils arrivent encore à nous piquer. Ça gâche un peu le plaisir quand même. La bonne nouvelle c’est qu’ils ne sont pas porteurs de la malaria parce que sinon c’était jackpot assuré.

Enfin, malgré ce désagrément nous savourons la douceur de vivre quelques semaines dans un endroit comme celui-ci, car Hoga c’est le stéréotype de l’ile perdue en plein milieu de l’océan: longues plages de sable blanc sur lesquelles viennent s’échouer des vagues cristallines, cocotiers, forêt tropicale en arrière plan. Les principaux occupants de l’ile sont la trentaine d’âmes du village local de Furake et des varans d’environ 1,5 à 2m. Il n’y a quasiment aucun touriste hormis nous et les Anglais du centre de recherche (que nous ne voyons jamais car ils restent dans leur coin), aucun moteur, pas de télé, aucune contrainte, aucun besoin de consommation… Juste manger, dormir et profiter de ce que nous offre l’ile et les gens qui y vivent. Les 4 semaines de notre séjour passent sans que l’on y prenne garde et le dernier après-midi, de retour de plongée, nous avons la surprise de découvrir des Bajos aux bungalows. Pondang leurs a demandés de venir nous faire une petite surprise pour notre départ. Ils sont venus en famille, jouent de la musique se rapprochant du Gamelan balinais et éxécutent des danses traditionnelles à mi-chemin entre la danse et les arts martiaux. De leur coté, Nane et Jili nous ont préparé un feu de joie. Nous sommes ravis et émus. Tôt le lendemain matin (5H) tout le monde est debout pour nous dire au revoir. Dans la pale lueur de l’aube nous quittons Hoga avec tristesse en regardant nos amis nous faire des signes pour nous souhaiter bon voyage. Encore un endroit où nous reviendrons, nous en sommes persuadés.