Mirador du 21 au 27/12

Depuis les deux derniers jours il pleut ce qui, à 5H30 du matin, ne nous met pas en confiance sur le déroulement des jours qui vont suivre. Le trek du Mirador est réputé boueux, riche en moustiques, sangsues, tiques et autres petites friandises du même genre. Apparemment on va être gâté.

Nous sommes toujours en compagnie de Patricia et faisons la connaissance des trois autres personnes qui vont vivre cette aventure avec nous: Alex (un Russe) et Carlos (un Colombien) et Raoul notre guide.P1100956.JPG

Avant de pouvoir réellement commencer notre expédition, nous avons environ deux heures de route à faire pour rejoindre le petit village de Carmélita où nous devons retrouver les derniers membres du groupe: l’arriero (ou muletier) et les mules qui transporteront notre eau, notre nourriture, nos tentes et une partie de nos effets personnels. Hélas les problèmes se présentent rapidement: la piste qui mène au village s’est transformée en patinoire boueuse creusée d’ornières et le bus local n’a pas su résister à l’envie de se mettre en travers de la route. Résultat: il est 10H du matin (déjà trop tard pour espérer commencer le trek aujourd’hui), nous ne savons dans combien de temps la route sera dégagée du bus et nous ne savons même pas si nous réussirons à aller jusqu’à Carmélita. Après une bonne demi-heure de tergiversations, nous décidons de retourner à Florès et de retenter notre chance le lendemain. Comme par magie plus une goutte de pluie ne tombera dans l’après-midi. Il y a de l’espoir.

Mirador, 2°round : il fait beau, il fait chaud, on est gonflé à bloc… Mirador, nous voilà!!!P1100848.JPGCarlos qui n’a que des « All Star » pour marcher s’achète tout de même une paire de bottes en caoutchouc ( qui lui serviront deux ou trois fois quand même) et nous partons à la découverte de plusieurs cités Maya non-excavées qui jalonnent la jungle du Nord du Guatemala. El Tintal, El Mirador, Nakbé, La Florida… à nouveau 6 jours de trek, pile un mois après le Roraïma. Nous marchons entre 5 à 8H par jour et la jungle que nous parcourons change régulièrement de visage. Parfois nous traversons des plantations de chicles, parfois nous sommes entourés d’une végétation plus spécifique avec de grandes fougères, des ceibas et parfois nous avons tout simplement l’impression de nous promener dans une de nos forêts françaises entourés d’arbres qui ressemblent à s’y tromper à des bouleaux. La cité du Mirador, bien qu’abandonnée par les Mayas depuis plus de 1000 ans, est restée connue en partie grâce aux chicleros qui exploitaient les plantations dans la jungle environnante et qui servirent de guides aux premiers « touristes » venus jouer les aventuriers au milieu de ces vestiges d’un autre âge.

Ce qui nous surprend aussi  dans cette jungle c’est le calme qu’il y règne. Nous n’entendons que très peu de cris d’oiseaux, ne croisons quasiment pas d’animaux ni d’insectes sur le chemin. Même les tiques, sangsues et moustiques semblent avoir désertés. Mais le peu de fois où nous aurons la chance de rencontrer la faune vivant dans la région ce sera un vrai régal. D’un coup, des singes-araignées se mettent à gesticuler dans tous les sens en nous observant, une biche à queue blanche traverse le chemin à moins de 2 mètres de Mike, une fourmilière en plein déménagement nous barre la route sur au moins 3 mètres de large et fait un bruit de bulles de soda en se déplaçant et plusieurs papillons Blue-morpho se moquent de Mike en lui passant sous le nez sans jamais se poser pour être pris en photo. Il aura beau leurs courir après, il n’y arrivera jamais.

Et puis enfin, l’avant dernier soir les singes hurleurs nous font la faveur de venir se poster juste au-dessus de notre campement et nous offre un concert impressionnant!!!

Impressionnant c’est aussi le mot qui convient le mieux pour qualifier ces cités que nous découvrons, au début sans nous en rendre vraiment compte. En effet comme elles ne sont pas complètement excavées à plusieurs reprises nous passons à coté de pyramides recouvertes par la nature et ce n’est que lorsque notre guide nous le dit que nous comprenons que ce tas de terre et d’arbres c’est en fait le haut d’un temple Maya! Ces cités ont été abandonnées il y a environ 900 ans et dans ce laps de temps la nature à tout recouvert.

Et ce n’est pas peu dire quand on sait que la cité du Mirador à elle seule fait environ 16 Km² et que son temple principal, El Tigre, est l’édifice le plus haut (54m) et le plus large de la civilisation Maya (la superficie de son esplanade représentait 19 terrains de football!). Nous découvrons avec émerveillement le haut de ce temple en cours de restauration, grimpons à son sommet et admirons la vue: sur 360° il n’y a que de la jungle. Pas un bruit à par celui du vent et des battements d’ailes des libellules, pas un fil électrique ni un immeuble à l’horizon. Les seuls reliefs qui viennent entraver la vue à l’infinie sont les buttes formées par le haut des autres temples des différentes cités. Un océan vert s’étale à nos pieds, c’est indescriptiblement beau.

P1100887.JPG Là aussi nous avons la chance de pouvoir admirer de très près une famille de singes hurleurs venus se nourrir dans les arbres qui bordent le temple. Nous admirons aussi de très près des chauve-souris et des énormes araignées cavernicoles cachées dans un des tunnels du temple de La Muerte , autant vous dire qu’après avoir rampés dans le tunnel nous redressons la tête avec précaution!

D’une  »cité » à l’autre nous suivons les chemins que les Mayas empruntaient eux aussi plusieurs centaines d’années avant nous. Parfois nous marchons sur une partie pierreuse polie par les effets du temps et des hommes, parfois nous tombons sur une stèle qui signifiait le croisement de deux directions et parfois nous longeons de gigantesques structures comme cet aqueduc en restauration depuis seulement septembre 2009.P1100973.JPG La présence de cet aqueduc pose d’ailleurs le problème de l’eau. Comment faisait ce peuple pour se fournir en eau alors qu’il n’y a ni source ni rivière dans la région? Nous le savons par expérience car nous n’avons pas pu nous laver tous les jours et lorsque l’on a eu l’occasion de le faire c’était grâce à l’eau de pluie tombée ces derniers jours et recueillie dans des réserves que les rangers ont creusées dans la terre à coté des camps. « Pura agua de lluvia » qu’ils disaient. Mouais… l’eau était verte-marron mais bon, c’était ça ou rester sales et collants.

Ce qu’il faut savoir aussi c’est que les Mayas avaient l’habitude de construire des temples sur de plus anciens. Au Mirador, Raoul nous montre une porte donnant sur l’intérieur du temple du Jaguar et nous explique qu’à l’intérieur, un tunnel court autour de l’ancien temple et qu’on vient d’y découvrir un masque de plusieurs mètres daté de 400 à 300 ans avant J.C, presque intact pour son âge avec encore ses pigments de couleur. Il est en cours de restauration et n’est normalement pas accessible au public. En début de soirée, après avoir donné un petit bakchich au ranger, nous rentrons dans le fameux tunnel et découvrons ébahis cet énorme masque faisant partie intégrante d’un temple plus ancien qui a servi de fondation au Jaguar. Nous savourons la  »chance » qui nous est donnée de pouvoir admirer ce trésor, c’est un peu comme si on se retrouvait dans une chambre secrète d’une pyramide égyptienne. A ce moment, on sent vraiment le « poids de l’Histoire ».

Il faut aussi parler de Wilbert, notre muletier, et de nos mules. Ces braves bêtes transportent tout le nécessaire à notre survie pendant cette semaine dans la jungle mais ce n’est pas sans contrepartie pour Wilbert qui doit chaque soir leurs préparer un festin nocturne pour leurs permettre de reprendre des forces. Alors chaque fin d’après-midi quand nous arrivons au camp, Wilbert chausse ses crampons et grimpe en haut d’un arbre appelé Javon et le décapite petit à petit à grands coups de machette pour que les mules puissent se régaler des feuilles de l’arbre toute la nuit durant. Au début l’arbre était comme çaP1110248.JPG et à la fin ça donne çaP1110162.JPG!! Bien sur il y en a qui se sont loupés car se petit exercice de style n’est pas sans danger. Outre le risque de tomber il y a aussi celui de déranger les habitants du feuillage, ce qui n’est pas sans conséquence. Ce cadavre de mule en témoigne: en allant chercher de quoi nourrir ses bêtes, un arriéro a dérangé un essaim d’abeilles qui de colère s’en sont prises à l’une des mules et l’ont piquée à mort. Il n’y a pas un proverbe qui dit que « ce n’est pas la petite bête qui va manger la grosse »…?

En parlant de manger, notre réveillon de Noël s’est résumé à peu de chose sur le plan culinaire: soupe de légumes et gateaux secs en guise de dessert. Mais un magnifique ciel étoilé était là pour nous tenir compagnie et les petits yeux des milliers d’araignées qui nous entouraient reflètaient la lumiere de nos torches et de nos bougies faisant penser à des perles de cristal. Et puis nous avons quand même arrosé tout cela d’une bonne bouteille de rhum que nous avions acheté pour l’occasion!! Ce soir là Raoul nous raconta des tonnes d’histoires à propos des Mayas et nous avons passé une excellente soirée même sans foie gras et sans buche de Noël.P1110116.JPG

Nous gardons aussi quelques souvenirs « incongrus » dans ce genre d’excursion. Mike, Alex et Carlos se sont offerts une partie de basket sur le plus inattendu des terrains dans le camp juste à coté du Mirador et Patricia et moi avons pris un cours de cuisine avec Wilbert pour apprendre à faire les tortillas. Comme ce n’est pas bien compliqué, pour rendre l’atelier plus fun, nous avons fait des tortillas en forme de coeur, de lune, de sapin, d’étoile et de cadeau de Noël. Je ne sais pas si c’était la forme ou le gout mais Wilbert a préféré manger les tortillas rondes traditionnelles…

C’est sous le soleil, qui ne nous aura pas fait défaut une seule fois, que nous retrouvons Carmélita à la fin de ce périple. Heureux, ravis et encore émerveillés de ce que nous avons découvert et exploré nous rentrons vers Florès. A nouveau cette aventure nous aura demandé effort et volonté mais une fois de plus nous n’avons pas été déçus.

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There are 3 Comments to "Mirador du 21 au 27/12"

  • Papa a Mike dit :

    Salut les fous!!!!Enfin des nouvelles=on aurait pu s’inquieter !!Encore bravo pour votre courage et votre tenacite et mille mercis a Pauline pour ses recits tres precis et documentes de vos aventures.On vous embrasse tres fort,on pense a vous tous les jours.

    P.S pour Mike=ta soeur a recu sa convocation pour les tests pour l’armee !!!!

  • marie et guilhem dit :

    salut les amis,
    petite incursion ds votre périple… cette étape avait l’air grandiose et les mots de pauline rendent votre émerveillement palpable!
    pfff le coup du masque et la mer d’émeraude… wouaouh! je vais raconter çà à Guilhem puis Antoine et Cindy, Raph et Jérôme que l’on verra ce we.
    bons gros bisous amigos!
    Marie et la petite smalamayer

  • cindy dit :

    Salut les copains,

    Petit repas entre amis chez Guil et Marie, j’en profite pour regarder vos magnifiques photos!! Quel périple! On pense fort à vous!!!!!!!!!!!!!! Gros bisous