Parc National du Corcovado du 04 au 08/02

Je déteste quand ça commence comme ça. Il est 5h du matin, je viens de me réveiller par hasard après une mauvaise nuit de sommeil et une fois de plus le (nouveau) réveil n’a pas sonné. A peine le temps de secouer Mike que j’entend le taxi arriver. Nous faisons patienter tout le monde 10 minutes histoire de nous habiller, de nous brosser les dents et de boucler nos sacs, puis nous sautons à l’arrière du pick-up, direction Los Patos, la station est du parc, point de départ de notre journée de marche.

Le parc national du Corcovado est l’un des parcs les plus préservés du Costa Rica. Riche en diversité animale, il se compose d’une forêt primaire où poussent des arbres gigantesques et d’une lagune en son centre entourées par une forêt secondaire et longe la côte Pacifique sur près de 40km entre la station nord de San Pedrillo et la station sud de La Léona.

Il nous faut plus d’une heure de voiture pour arriver à Los Patos, pendant laquelle nous nous enfonçons progressivement dans la jungle. Une fois sur place nous avalons rapidement notre premier bol de céréales, nous enregistrons auprès des rangers de la station et entamons notre marche. 20Km nous séparent de la station La Sirena au coeur du parc, là où nous établirons notre campement pour les jours à venir. Heureusement le sentier est relativement plat car avec nos sacs surchargés la moindre petite montée nous fatigue rapidement. En chemin nous commençons à croiser les habitants des lieux: singes-araignées aux longs bras, toucans et peccaris (petits cochons sauvages  vivant en groupe et potentiellement agressifs) qui dégagent une odeur caractéristique d’oignon. Nous faisons aussi le plein de tiques aux bords des rivières où Roni, notre guide, nous arrête pour des pauses rafraichissantes, les pieds dans l’eau. Ca aussi ça fait partie de la biodiversité du parc! Après 8 longues heures de marche (9H et 1/2 après notre départ) nous arrivons enfin en vue de La Sirena. Ouf, nous allons pouvoir décharger nos sacs et prendre une bonne douche qui ne sera pas un luxe vu les litres de sueur que l’on a tous produits aujourd’hui. Nous installons nos tentes sur une aire protégée prévue à cet effet et pendant la demi-heure suivante nous gisons au sol entre repos et étirements. Nous faisons connaissance avec d’autres randonneurs et grignotons quelques petits trucs en attendant une heure décente pour diner. Au menu: pates à la sauce tomate. Il va falloir s’en contenter car ça va être récurrent dans les prochains jours. A 20H45 c’est l’extinction des lumières, signal pour aller se coucher. Nous veillons encore quelques dizaines de minutes à la lueur de nos lampes torches et finissons nous aussi par rejoindre nos tentes. A ce moment là, nous partons dans un fou rire irrépressible qui a du reveiller tout le monde alentour. Il fait encore au moins 30°, il fait moite et nos tentes sont en fait des tentes pour enfants. Impossible pour les garçons de tenir en longueur, impossible de rester à 2 dedans collés-serrés par cette chaleur. Finalement Mike et Marc finiront par aller dormir dehors, à grands renforts d’antimoustique car nous n’avions pas prévu les moustiquaires. Nicolas et moi restons dans nos « tentes-étuves » et tout le monde fini par s’endormir.

Les jours suivant nous explorons les sentiers qui sillonnent le parc autour de la station. Il faut savoir être patient, silencieux et observateur pour découvrir ici une empreinte de puma (merci Roni!), un oiseau caché dans le feuillage, un coati en train de fouiller le sol en quête de nourriture, de magnifiques papillons, des drôles d’insectes ou encore des petites grenouilles.

Il y a aussi des rencontres plus faciles car le parc regorge de vie et que ces petites familles de singes-écureuils font en général un peu de bruit en se déplaçant et le balancement des branches après leur passage révèle facilement leur présence. Ils sont tout petits et si mignons!

Enfin il y a ces rencontres qui donnent sa réputation au parc du Corcovado. A l’embouchure de la rivière Sirena et du Pacifique nous sommes ahuris du nombre de requins et de crocodiles qui semblent cohabiter sans problème. Ils sont si près du bord et si gros! Et puis pour les connaisseurs, se ne sont pas de gentils petits requins de récif, se sont des requins bouldogues, une des espèces les plus agressives. Quand on sait que lorsqu’on va à San Pedrillo il faut traverser cette rivière, ça donne des frissons. Maintenant je comprends parfaitement pourquoi les guides disent qu’il faut traverser à marée basse!! Ce qui ne me rassure pas c’est que la situation est la même à l’embouchure du Rio Claro que nous devrons traverser pour rejoindre La Léona à la fin de notre séjour. Bhrrrrrrrr! Et puis il y a les tapirs. On ne les imaginait pas aussi gros et pas aussi vifs. Nous semblons déranger un jeune mal en train de manger et d’un seul coup celui-ci charge en direction d’Ewan et de Roni, qui détalent au galop et commencent à chercher abri en hauteur dans les arbres. Heureusement ce n’était qu’un avertissement et le tapir fini par passer son chemin sans plus de considération pour nos personnes.

Au matin du 3° jours nous disons aurevoir aux 3  garçons et au guide qui rentrent vers Puerto Jimenez. Nous sommes « livrés à nous même » et prenons le temps de nous balader sur les derniers sentiers inconnus du parc.Malgré notre ténacité nous ne réussirons pas à croiser le chemins des jaguars, ni des pumas, ni des paresseux, ni des fourmiliers mais nous sommes déjà largement comblés. On ne peut pas tout avoir en une seule fois. Et puis le dernier jour, alors que l’on se prélassais paresseusement au bord d’une rivière, nous aurons deux belles surprise. Une famille de singes Cappucino se balance au dessus de nos têtes et l’une des femelles porte sur son dos un bébé qui ne doit avoir que quelques jours car ses yeux ne sont pas encore ouverts. Puis alors que l’on s’apprêtait à rentrer vers le camp, une loutre  passe comme une torpille dans l’eau juste sous nos yeux. Trop rapide pour immortaliser l’instant mais nous l’avons vue, c’est l’essentiel.

Le matin du 08 Février, alors qu’il fait encore noir, nous remballons nos affaires et nous préparons à une nouvelle longue journée de marche pour rejoindre la station sud du parc à partir de laquelle nous pourrons prendre un bus pour rentrer à Puerto Jimenez. La bonne nouvelle c’est que nos sacs sont bien plus légers qu’à l’aller étant donné que nous avons mangé toutes nos provisions (bien calculé sur ce coup-là!). La mauvaise nouvelle c’est qu’il pleut depuis la veille et, à 5H du matin, l’idée d’être trempés jusqu’aux os en quelques minutes ne nous excite pas beaucoup. Une fois notre dernier bol de céréales avalé, nous nous résignons et partons dans le noir et sous la pluie. Après environ 30 minutes de marche nous arrivons à l’embouchure du Rio Claro. Les orages de la nuit ont fait grossir la rivière et changé son cours pour rejoindre la plage. L’embouchure est plus large et plus profonde à traverser que la veille, quand nous étions venu voir de quoi il retournait. Nous décidons de traverser auprès de la mer, là où le courant ne semble pas trop violent. Nous entrons dans l’eau jusqu’à la naissance des cuisses et réussissons à traverser sans tomber. L’obstacle est franchi avec succès, sans l’ombre d’un requin ou d’un croco. Tant mieux! Le sentier entre La Sirena et La Léona longe la plage pendant de nombreux kilomètres et lorsque le soleil fini par apparaitre en fin de matinée nous mesurons la chance que nous avons eu d’avoir un ciel couvert jusque là. Les 3 derniers  kilomètres en plein soleil sont une torture et lorsque nous arrivons à destination vers 12H, nous nous offrons un  bon burrito accompagné d’une bonne bière bien fraiche. Nous attendons patiemment le bus (qui s’avère être une bétaillère aménagée de sièges.) jusqu’à 16h et rentrons vers notre hôtel, où nous nous écroulerons de fatigue après avoir avalé un bon pavé de boeuf!