Nara 23/02

Après un fabuleux petit-déjeuner dans notre « Super Hotel », nous prenons le train pour Nara, un petit village réputé pour la beauté de ses temples classés au patrimoine mondial de l’UNESCO,  à 1H30 au sud-est de Kyoto
Dés notre arrivée, au centre d’information, on nous fournit une carte de la ville sur laquelle on nous indique le parcours à suivre pour découvrir les temples et le quartier de la vieille ville. Efficacité! Sans perdre de temps, nous partons donc dans les rues de Nara, direction le parc et la forêt dans lesquels sont regroupés la plupart des édifices. Après seulement quelques patés de maisons, nous arrivons en bordure du parc et croisons rapidement la route des cerfs qui peuplent les lieux et constituent la 2° attraction de la ville. On peut même acheter des biscuits conçus exprès pour eux pour les nourrir, activité qui doit avoir du succès vu comme certains sont gras. Les pauvres, ils vont finir par mourir de diabète à force!

Nous nous baladons tranquillement dans le parc en passant à coté de plusieurs petits temples et d’une pagode à cinq étages. Nous continuons vers le temple Todai-Ji, le plus grand palais en bois jamais construit au monde. Après avoir franchi deux massives portes en bois, qui à l’époque devaient être prolongées de part et d’autre par de hautes murailles, nous découvrons enfin le palais. Il est effectivement d’une taille plus qu’honorable et renferme plusieurs statues dont une grande représentation de Bouddha. En ressortant nous tombons sur des groupes scolaires venus en excursion à Nara. Là encore c’est un vrai cliché: écoliers et écolières en uniformes bleu marine et professeurs fournissant les explications avec des porte-voix.

Nous poursuivons ensuite vers les hauteurs de la forêt et un autre temple d’où nous bénéficions d’une vue panoramique sur le parc et la ville en contrebas malgré un voile de brume. Là aussi il y a de petites fontaines à prières, des lampions et lanternes, un gong et de splendides portes en bois sculptés et en fer forgé ou en papier de riz.

Nous redescendons dans la forêt et continuons notre chemin vers d’autres temples. A l’entrée de l’un d’eux nous sommes interpelés par un groupe d’étudiants d’environ 14 ans. Leur professeur d’anglais leurs a donné un exercice à faire auprès de visiteurs étrangers. Ils nous abordent dans un anglais maladroit mais touchant, se présentent, expliquent leur situation et nous demandent si nous voulons bien leur accorder quelques minutes pour remplir leur questionnaire. Nous nous exécutons sous leurs yeux interrogateurs et à la question « qu’est-ce qui vous a le plus surpris au Japon? » nous répondons: les toilettes haute-technologie. Au moins ils auront une bonne partie de rigolade en cours d’anglais au moment d’analyser les questionnaires. Pour finir ils nous demandent s’ils peuvent nous prendre en photo et semblent surpris lorsque nous leurs demandons la même chose en retour. Tout le monde se prête au jeu et les étudiants repartent en criant, tout excités de cette aventure avec des étrangers. Le Japon est un pays qui ne s’est ouvert au tourisme il n’y a que quelques dizaines d’années et même les jeunes sont encore conditionnés par cette culture conservatrice et socialement hyper-réglementée. Le contact avec autrui, et à plus forte raison avec un étranger, n’est pas aussi naturel que chez nous et c’est à ce moment là que nous en prenons bien conscience.

Quelques minutes plus tard, alors que nous sommes sur le point de retourner vers la ville, un homme d’une bonne soixantaine d’années nous aborde à son tour. Il nous explique qu’il fait partie des volontaires du parc pour fournir informations et explications aux touristes. Nous bavardons quelques minutes du temple  Kasuga Taisha auprès duquel nous sommes puis la conversation dérive vers des sujets plus personnels. Il nous dit avoir appris l’anglais tout seul, depuis qu’il est à la retraite, désireux de pouvoir entrer en contact avec des étrangers. Il est allé plusieurs fois en France et nous raconte son ressenti et ses aventures à lui, là-bas, dans notre pays. Il est ébahi quand nous lui apprenons que nous sommes en voyage pour un an et que nous arrivons juste d’Amérique Centrale. Il nous demande comment nous faisons pour voyager aussi longtemps et même s’il semble envier notre hardiesse, il a du mal à comprendre que nous ne soyons pas au travail soucieux d’épargner pour nos vieux jours, comme il l’a fait pendant tant d’années. Là encore, un univers sépare nos deux cultures et nos deux modes de vie mais c’est ce genre de confrontation qui fait la richesse du voyage et des rencontres qu’il occasionne. Nous prenons le chemin du retour en sa compagnie et profitons des histoires et anecdotes qu’il nous raconte sur Nara. Comme une fois de plus nous n’avons pas mangé, il nous propose de nous emmener dans un petit restaurant qu’il a l’habitude de fréquenter, où nous pourrons déguster de bons Okonomy Yaki, la pizza japonaise selon ses termes. Il passe commande pour nous mais nous quitte en nous expliquant qu’il doit rentrer chez lui car sa femme va bientôt servir le diner. De notre point de vue, les Okonomy Yaki ressemblent plus à une omelette à laquelle vous ajoutez beaucoup de crème, des épices, des herbes et divers ingrédients pour varier le gout. C’est délicieux et comme nous sommes affamés nous en commandons une 2° tournée, ce qui à l’air d’amuser les serveurs. Pour digérer nous partons nous balader dans la vieille ville, mais après les magnifiques quartiers de Pondocho et Gion à Kyoto, nous ne trouvons rien d’exceptionnel au vieux Nara et, la nuit tombant, nous retournons vers la gare pour prendre notre train de retour.
Arrivés à Kyoto une mauvaise surprise nous attend. Notre « Super Hotel » affiche complet pour le lendemain et comme nous n’avions prévenu personne que nous pensions rester ici, nous devrons libérer la chambre. Zut, zut, zut et zut. Après quelques temps sur internet nous finissons par trouver un autre hotel à un prix honorable mais nous savons déjà qu’il ne sera pas aussi bien que celui-ci. Nous avons vraiment été trop stupides sur ce coup et c’est déçus et agacés de notre bétise que nous nous couchons, après avoir quand même mangé de savoureux sashimi dans la guinguette d’à coté.